THEODORT

Dans la tradition béninoise, on appelle les enfants en fonction du jour de leur naissance. Fidèle à cette coutume, Theodort reçoit « Imad » comme deuxième prénom. Héritage de son identité métisse, ce nom porte « force et lumière. » Il écrit aujourd’hui l’aventure d’un artiste dont la mue s’opère en musique. Dans les voyages et les rencontres. À la recherche de son identité. Imad, mon grand (…) Tu es en train d’ouvrir une nouvelle page dans la réalisation de tes rêves. Alors où en es-tu dans cet album ? Mamie dans « Heureusement » Nouvelle page. Au commencement de cette histoire, il y a « Imad ». Quatre lettres écrites en jaune sur fond noir qui symbolisent le renouveau. « On avait déjà pas mal de titres de côté. En les réécoutant un matin, j’ai senti que c’était le moment de mettre pause sur les vidéos » explique Theodort.Pour repartir d’une page blanche et se consacrer pleinement à la musique, le jeune homme de 21 ans - créateur de contenus, en activité YouTube depuis une dizaine d’années - archive toutes les vidéos de sa chaîne ( suivie par près de 3 millions d’abonnés ). « Je me suis imaginé à la place des gens qui allaient me découvrir sur des titres et ça m’a semblé logique » poursuit Theodort. Alors dans un mouvement porté par son destin, il laisse un dernier message à son public. Un témoignage publié le 14 janvier 2024, intitulé « C’est la fin… » avec quelques indices annonciateurs d’une suite. Il y a ces points de suspension dans le titre. Il y a aussi ce mot, « Imad ». Imad. L'histoire de ce premier album débute après un voyage à Cotonou chez sa famille maternelle où la musique a toujours bercé la vie quotidienne du foyer. Depuis tout petit, Theodort s’y rend au moins une fois par an avec ses parents, couple franco-béninois.« J’ai grandi dans une famille de musiciens. Mon père est un grand passionné, il m’a beaucoup transmis. Il y a aussi la famille de ma mère au Bénin, bien implantée dans le milieu. » Il poursuit : « très jeune j’ai eu ma première caméra avec laquelle je faisais des vidéos et j’enregistrais des morceaux. À 8 et 9 ans, j’ai même auto-produit mes deux premiers albums. Je ne me suis jamais arrêté de créer et de partager » s’amuse Theodort. Nous sommes fin 2022. Durant deux semaines, Theodort sillonne la ville et vit l’effervescence de la nuit béninoise avec l’un de ses oncles, rappeur dans sa jeunesse. Il retrouve les sonorités de son enfance : le coupé-décalé de Côte d’Ivoire ; la rumba congolaise et la musique béninoise. Il découvre aussi les accords lumineux et la voix transcendante du nigérian Asake, nommé aux Grammy Awards 2023 pour son titre « Amapiano ». Cet artiste le marque profondément et lui inspire notamment un titre fort de l’album quelques mois plus tard : « La mentale ». La mentale. Theodort est galvanisé par l'énergie et les inspirations du pays. De retour à Paris, il s’enferme avec sa bande de potes en studio. Il y a l’ingénieur du son MAD! (Ziak, Zed, Vald, Nessbeal, web7...), à la réalisation Web7 (anciennement connu sous le nom de 7 Jaws) et Lowonstage à la composition. Entouré de son équipe, Theodort explore de nouvelles sonorités et s'appuie sur l’expérience d’un premier essai réussi : le titre « Atisuba» (à demain, dans le dialecte dendi du Bénin) sorti durant l’été 2022. Ce morceau Afrobeats, à la production chaloupée, est le socle de ce qui va forger l’identité musicale d’« Imad » : une musique mélange d’Afropop, d’Amapiano (style de House sud-africaine) d’Afro-gospel et de Fuji - genre musical né dans les années 60 au sein de la communauté Yoruba du Nigeria. Theodore expérimente. Il chante sur « BB » qu’il envisage très vite comme l’intro de son album. Il invente des gimmicks comme « Wayeh » ou « Toko dombi » qui lui donnent les titres et les refrains de deux morceaux. Durant toute l'année 2023, il pense la musique comme une activité centrale dans sa vie et travaille sur des morceaux plus personnels ; porté par cette volonté qui ne le quitte pas depuis les premières BDs gribouillées : « raconter des histoires. » Dans la répétition, il développe des facilités et gagne en expérience. « Je n'ai jamais aimé l’idée de pouvoir être limité. Il faut croire en ses rêves. ». Et pour mieux le raconter sur ce premier album, Theodort pense le titre « Heureusement », avec une invitée très spéciale : sa grand-mère de Cotonou. « J’étais en train de bosser sur la maquette du morceau et là, je reçois une note vocale de ma grand-mère. J’ai trouvé son message tellement touchant que j’ai eu envie de la mettre sur cette chanson » se souvient l’artiste. À mesure que ce premier album prend forme, une vision s’impose. On l’entend sur l’outro de cet album. Entre les lignes rappées, les passages chantés, le piano, la guitare, les chœurs et cette douce mélodie : « Quand on dit on va le faire, nous on le fait en vrai. » Theodort se présente sur 15 titres dans son premier album « Imad ». Iribin nãte*.*On l’a vraiment fait, en dendi.